L'École en ligne Volume 3 - Numéro 5 - Novembre 2012

Décès d'Yvon Linteau La formation policière perd un de ses grands "acteurs"

Novembre 2012

L’École nationale de police du Québec a perdu un « acteur » important de la formation policière en octobre dernier. M. Yvon Linteau, qui a été l’un des premiers comédiens embauchés à l’École, est décédé le 7 octobre 2012. Il a été enterré le 10 novembre 2012 au cimetière Saint-Michel, à Trois-Rivières. Cette triste nouvelle a bien sûr affligé tous ses collègues, mais également de nombreux policiers qui ont eu maille à partir avec ses redoutables personnages.

On ne saurait quantifier le nombre de victimes, plaignants ou criminels qu’il a personnifiés, mais on peut certes affirmer que son talent a contribué à rendre les mises en situations plus vraies que nature. En ce sens, il a véritablement marqué la formation policière québécoise. Son talent, sa culture, son humilité ont fait de lui un homme d'une grande richesse.

En 2004, M. Linteau nous avait accordé une entrevue en vue d’un article sur le travail des comédiens au sein de la formation policière (« Le jeu au service de la formation », L’École aux postes, mai 2004). Voici quelques extraits de cette entrevue.

En parlant de ses débuts à l’École...

« Je me souviens de mes débuts il y a 29 ans », relate Yvon Linteau. Après une scène de violence conjugale, je me sentais mal. À plusieurs reprises, après le scénario, je suis allé m’excuser auprès de la comédienne. » Au fil du temps, il a appris à établir une distance. « Maintenant, j’arrive la plupart du temps à mettre une distance entre le jeu et la réalité. Quand c’est fini, c’est fini. »

En parlant de l’énergie, de la force émotive et de la concentration nécessaires au jeu...

« Quand on joue dans un scénario d’interrogatoire, par exemple, on est en présence d’un enquêteur pendant deux ou trois heures. Pour que notre personnage soit cohérent, il faut se concentrer afin de demeurer à l’intérieur du pattern psychologique du personnage durant tout ce temps. On sort d’un tel scénario épuisé.»

En parlant de l’évolution de la formation policière...

« En 1975, la police n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Je me souviens d’avoir été brassé pas mal lorsque je jouais des rôles de « baveux ». Le jeu au sein de la formation policière, c’était du jamais vu. Les policiers ne prenaient aucune distance par rapport à nous. Intimidation, chemises déchirées,... Je me souviendrai toujours d’un policier qui était venu me voir alors que je prenais un café au mess et m’avait dit : « Toi, je t’ai haï pendant cinq ans. »

En parlant de la contribution sociale des comédiens de l’École...

« En tant que comédien, on joue aussi un rôle social important : on contribue à former des policiers afin qu’ils soient de meilleurs intervenants, on leur permet de s’humaniser. Notre travail, finalement, permet à toute la société d’en tirer des bénéfices. »


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